L’histoire de Teresia

L’effet multiplicateur de l’Évangile

Elle était tout au bout de la foule, en dehors de mon champ de vision. Elle pleurait. Il y avait 200 000 personnes rassemblées dans le parc Uhuru ce jour-là. Je prêchai et nous vîmes des milliers de gens venir au Seigneur. Mais Teresia Wairimu n’était pas parmi les pécheurs, elle ne s’avança pas à l’appel. J’ignorais complètement son existence.

Elle avait déjà pleuré toutes les larmes de son corps depuis bien longtemps, bien avant que je vienne à Nairobi en 1988. Au cours des derniers mois, son rêve de servir Dieu en servant sa famille s’était écroulé. Son âme était tordue de douleur et la tempête faisait rage dans sa vie.

Depuis l’enfance, Teresia avait tant désiré servir le Seigneur. Parvenue en âge de se marier, elle fit la connaissance d’un charmant missionnaire européen. Avec cet homme, tout se mettait en place dans sa tête. Son désir de servir Dieu et son désir de servir ce missionnaire pouvaient s’unir en un seul but. L’avenir ne pouvait être que radieux. Ses parents n’étaient pas aussi enthousiastes. Ils n’approuvaient pas cette union. Mais captivée par cet amour et par son désir immense de servir le Seigneur, elle était prête à aller à l’encontre de la volonté de ses parents pour l’épouser.

Douze ans plus tard, cette décision allait la hanter quand son mari missionnaire l’abandonna. Elle chercha à faire appel à sa foi chrétienne, mais rien ne changea. Il profita d’un système judiciaire cruellement dominé par les hommes et divorça en la laissant avec sa fille sans aucun secours financier.

Cruellement rejetée, ne sachant pas où aller

Ce jour-là, dans le parc Uhuru, alors qu’elle pleurait, elle ressentait l’immense fossé qui existait entre nous. Il ne s’agissait pas seulement de la distance physique qui la tenait éloignée de l’estrade. Elle me voyait prêcher avec une assurance qu’elle ne possédait pas. Elle avait été cruellement rejetée par l’homme à qui elle avait voulu plaire à tout prix. Elle s’accusait elle-même et se reprochait le mauvais choix qu’elle avait fait dans son désir de trouver un mari qui serait aussi un partenaire dans le service. Elle se reprochait encore plus de ne pas avoir été capable de maintenir ce mariage en dépit des problèmes que son mari rencontrait. Elle n’avait pas été assez bien, pas assez à l’image de Jésus pour changer le cœur de cet homme. Ces pensées tournaient et tournaient sans cesse dans sa tête comme les ailes d’un moulin, la détruisant toujours un peu plus avec le temps.

Elle ne savait pas où aller. Les membres de sa famille la rejetaient et lui disaient qu’elle n’avait que ce qu’elle méritait. Elle ne pouvait même pas leur parler du divorce. Ce n’était pas mieux dans l’église. Le divorce était un sujet de honte parmi les chrétiens kenyans et le point de non-retour pour quiconque aspirait au ministère.

Dieu fut le seul refuge que Teresia trouva. Bien qu’elle se sente rejetée, elle savait tout au fond d’elle-même que Dieu ne la rejetait pas. Elle avait été abandonnée par un mauvais mari, mais pas abandonnée par Dieu.

Comme elle le raconta plus tard, elle entendait ma voix remplie de puissance et d’autorité, annonçant la Parole de Dieu. Le son même d’une telle prédication fit jaillir de l’espoir en elle. Elle n’avait jamais entendu l’Évangile prêché de cette manière.

« Dieu, donne-moi 100 âmes et je serai une femme heureuse ! » 

Le Reinhard Bonnke qu’elle vit ce jour-là prêchait un Évangile sans compromis. La présence même du président sur l’estrade n’y changeait rien, il criait la Bonne Nouvelle dans son micro avec force. Sa manière de parler et son attitude sur l’estrade permettaient à tous de voir qu’il croyait réellement son message et serait prêt à miser sa vie sur lui. Il agissait comme s’il connaissait vraiment le Dieu dont il parlait.

« Si Reinhard peut faire cela », pensa Teresia, « je le peux aussi ». Et les larmes coulaient de ses yeux.

Quand je demandai aux malades de s’approcher, Teresia m’observa leur imposer les mains. Des aveugles se mirent à voir, des boiteux se mirent à marcher. C’était comme une nouvelle page du livre des Actes en direct.

Teresia vit que je possédais un feu bien plus vivant que les braises froides de sa propre expérience religieuse. C’était ce feu qu’elle recherchait ce jour-là. Elle ne se contenterait de rien d’autre. Du plus profond de son âme, elle cria à Dieu : « Dieu, oh Dieu, si tu peux donner 100 000 âmes à Bonnke, donne m’en 100, seulement 100 Seigneur et je serai une femme heureuse ! »

Dès qu’elle prononça ces mots, elle reçut une conviction au fond d’elle. Elle sut que pour recevoir cela, il fallait que Reinhard Bonnke lui impose les mains et prie pour elle.

De la foi pour toucher le bord de Son vêtement

Elle avait la foi comme celle de la femme atteinte d’une perte de sang qui vint toucher le bord du vêtement de Jésus et fut guérie. Ce n’était pas Jésus qui avait choisi cette manière de faire. C’était l’idée de cette femme. En fait, Jésus était parti pour guérir quelqu’un d’autre. Mais cette femme s’approcha de lui et toucha son vêtement. À ce moment-là, elle fut guérie.

Elle savait au fond d’elle-même que je devais lui imposer les mains et prier pour elle et de cette manière, elle pourrait entrer dans la pleine bénédiction que Dieu avait pour elle. Ce n’est pas une formule pour obtenir ce qu’on veut de la part de Dieu – je ne suis pas quelqu’un de spécial. Ce fut simplement la foi de Teresia qui lui donna cette idée d’imposition des mains pour recevoir une puissance particulière.

Teresia quitta le parc Uhuru ce soir-là sans avoir eu la possibilité de recevoir l’imposition des mains et la prière. La foule était tellement dense autour de l’estrade, et Dieu me dirigeait vers ceux qu’Il guérissait. Je ne fus conscient de la présence de Teresia à aucun moment.

Six années allaient s’écouler avant que nos chemins se croisent à nouveau. Teresia avait vécu ces années en se construisant une vie nouvelle à Nairobi. Elle avait bâti de nouvelles relations avec un petit groupe de femmes chrétiennes. Elles la considéraient maintenant comme leur conseillère spirituelle et de temps en temps, elle exerçait son ministère au milieu de ses amies. Mais son ministère manquait de puissance, de cette puissance dont elle avait été témoin dans le parc Uhuru. Elle savait qu’elle n’était pas parvenue à la hauteur de l’appel de Dieu sur sa vie.

Au cours de ces années, Teresia avait suivi mes déplacements grâce au magazine de CfaN. Elle regardait toujours si j’allais me rendre dans une ville pour prêcher devant un petit auditoire. Un endroit où elle avait une chance de recevoir l’imposition des mains et la prière. Elle croyait que le jour où cela arriverait, elle recevrait l’onction et le feu pour prêcher l’Évangile avec autorité, comme elle m’avait vu le faire à Nairobi.

« Dieu m’a dit qu’Il allait vous le donner … »

Ses désirs devinrent réalité à Oslo, en Norvège, au printemps 1994. Elle eut la joie d’apprendre que j’allais prêcher dans une église locale dans cette ville, car elle avait des amis qui vivaient là. Elle les appela immédiatement et il fut convenu qu’elle loge chez eux pour assister à la réunion. Ses amis acceptèrent de l’accompagner à cette rencontre. Toutes ses amies de Nairobi prièrent avec elle avant son départ, convaincues qu’elle reviendrait avec le feu de l’Esprit de Dieu auquel elle aspirait tant.

Teresia fut la première à franchir les portes de cette église à Oslo. Ses amies l’escortèrent jusqu’au premier rang. Elle attendait tandis que la salle se remplissait quand une femme l’aborda.

« Il y a quelque chose dont vous avez besoin de la part de Dieu », dit cette femme, « et Dieu m’a dit qu’Il allait vous le donner ».

Il s’agissait d’une merveilleuse confirmation. Teresia la remercia et répondit : « C’est bien, mais j’attends encore ». 

Quand j’arrivai sur l’estrade pour prêcher, je vis Teresia immédiatement. C’était difficile de ne pas remarquer une femme africaine dans une assemblée norvégienne. Elle était habillée d’une tunique traditionnelle africaine et ressemblait à une île colorée au milieu d’une mer d’écumes.

Teresia n’avait qu’une chose en tête : Quand je ferais l’appel pour prier pour les malades, elle courrait devant pour recevoir la prière. Dans son esprit, elle était malade. Elle se sentait malade de frustration et d’inefficacité dans son ministère. C’est comme cela qu’elle justifiait le fait de s’avancer pour recevoir la guérison.

Des miracles sont en train de se produire ici

Quand j’annonçai enfin que j’allais prier pour les malades, elle courut devant l’estrade devant moi, tremblant, tellement son attente était grande. Elle savait qu’elle était sur le point de recevoir la réponse à la prière qu’elle avait adressée à Dieu six ans plus tôt. Elle allait recevoir l’onction pour le ministère de puissance et d’autorité, comme Reinhard Bonnke.

Je n’oublierai jamais ce qui arriva ensuite. Le feu de Dieu n’a rien à voir avec mes mains, mais je les ai effectivement posées sur sa tête. Mais seulement un instant, car elle fut enlevée de dessous mes mains par une force invisible qui la propulsa dans les airs sur plus d’une quinzaine de mètres. Elle atterrit sur son dos près des chaises du premier rang où elle était assise. La puissance fut tellement grande que ses deux chaussures volèrent dans la salle.

Je n’avais aucune idée de ce que vivait Teresia. J’ai simplement continué à prier pour les malades. Bien plus tard, elle se souvient d’être revenue à elle et d’avoir entendu ma voix. Je disais : « Des miracles sont en train de se produire ici, des miracles se produisent en ce moment ». C’est tout ce dont elle se souvient.

La réunion à Oslo se termina. Je pris l’avion pour l’Allemagne.

Elle savait qu’elle ne serait plus jamais la même

Teresia ne pouvait pas se lever du sol de cette église. Elle était consciente, mais son corps ne répondait plus aux ordres de son cerveau. Ses jambes étaient si vacillantes que ses amis durent la porter jusque dans la voiture. Puis arrivés chez eux, ils la portèrent à nouveau jusque dans sa chambre et la posèrent sur son lit. Elle savait dans son cœur qu’elle ne serait plus jamais la même.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Ce fut le cas pour beaucoup d’autres. Ils ont reçu une visitation de l’Esprit de Dieu mais n’ont rien fait pour qu’elle produise du fruit dans leur vie. Mais Dieu avait oint Teresia dans un but particulier. Elle n’avait pas reçu cette bénédiction pour la perdre. Elle était venue pour recevoir la puissance pour le ministère, et elle allait l’exercer. Teresia Wairimu était en feu.

À son arrivée à Nairobi, elle appela ses amies pour les inviter à une réunion de prière le vendredi soir chez elle. Elles vinrent. Elles étaient 17. Elle prêcha avec une puissance qu’elle ne connaissait pas auparavant. Elle ne demanda pas à Dieu de bien vouloir guérir quelqu’un si c’était Sa volonté. Elle ordonna aux malades d’être guéris au Nom de Jésus et les guérisons se produisirent.

Le vendredi suivant, il y avait 55 femmes dans sa maison. Celui d’après, elles étaient 105, et le suivant, 200. Teresia et son cercle d’amies se mirent en quête d’une salle d’école pour leurs réunions. Elles trouvèrent une salle de spectacle de 2 000 places, mais 4 000 femmes se présentèrent. Elles ouvrirent portes et fenêtres pour tenter de répondre à la demande. Elle déménagea ses réunions dans le Jomo Kenyatta Convention Center, qui contient 5 000 places. 12 000 personnes arrivèrent.

Ils entendirent l’Évangile de Jésus Christ

C’est à ce moment-là que certains pasteurs de la ville commencèrent à critiquer en disant aux gens de leurs églises de ne pas assister aux réunions de Teresia, parce que c’était une femme divorcée. Mais les gens ignorèrent l’avis de ces pasteurs. Certains vinrent par curiosité, d’autres par besoin. Mais quand ils vinrent à une réunion, ils n’entendirent pas une femme divorcée, ils entendirent l’Évangile de Jésus Christ. Ils virent des personnes guéries du cancer et du sida, des aveugles recouvrer la vue, des estropiés marcher et des sourds entendre.

Finalement, Teresia contacta le conseil municipal et demanda à pouvoir utiliser le parc Uhuru, là où Bonnke avait prêché en 1988. Ils signèrent avec elle un contrat lui donnant le droit d’utiliser le parc tous les premiers dimanches du mois. Les foules augmentèrent encore et étaient composées maintenant d’autant d’hommes que de femmes.

La femme qui pleurait dans le parc Uhuru en 1988 avait désespérément prié : « Dieu, oh Dieu, s’il te plaît, si tu peux donner à Bonnke 100 000 âmes, tu peux m’en donner 100, seulement 100, Seigneur, et je serai une femme heureuse ». Aujourd’hui, Teresia Wairimu est une femme très heureuse. Son nom est célèbre dans son pays. Des centaines de milliers sont venus à Jésus dans ses réunions et les pasteurs qui avaient prêché contre elle se sont excusés et lui ont demandé pardon.

Quand j’entendis parler de ce succès, j’ai cherché le Seigneur dans la prière. « Pourquoi, Seigneur, as-tu choisi une femme divorcée pour ce grand ministère ? Pourquoi as-tu choisi Teresia ? »

Sa réponse eut un grand impact sur moi. « J’ai choisi Teresia parce que je voulais montrer au monde que je pouvais prendre un vase brisé et en faire un vase à honneur ».

C’est la toute-puissance de Dieu qui nous rend capables

Ce fut une leçon d’humilité. Nous ne sommes pas choisis pour nos qualités. Nous sommes des serviteurs défaillants et nous devons dépendre entièrement du Seigneur. Au contraire de Teresia, j’ai eu le privilège de vivre un mariage fort avec Anni. Mais ce bonheur n’est pas le secret de mon succès. Teresia a vécu l’humiliation profonde d’un divorce, mais Dieu l’a élevée et l’a placée à Son service dans un ministère puissant. C’est la toute-puissance de Dieu qui nous rend capables, et non nos piètres forces ou nos faiblesses.

La campagne suivante, en 1998, devait nous ramener à Nairobi au Kenya. J’arrivai sur place au début du mois d’août avec Anni. Nous avions décidé de prendre quelques jours de repos à l’hôtel Serena, près du parc Uhuru. Un après-midi, Anni me montra un tract qui avait été mis sur le panneau d’affichage de l’hôtel. Il annonçait que Teresia Wairimu prêcherait dans le parc Uhuru le dimanche suivant. Mon cœur était rempli de joie.

« Elle ne sait pas que nous sommes ici », dis-je, « et je ne vais pas le lui dire. Elle ne nous attend pas avant la semaine prochaine ».

Le dimanche arriva. Anni et moi étions à l’extrémité de la foule qui s’était rassemblée dans le parc Uhuru. Nous étions hors de portée de sa vue. 200 000 personnes étaient venues l’écouter ce jour-là. Teresia n’était plus une femme divorcée misérable à l’extrémité de la foule. Elle était sur l’estrade et elle était en feu, prêchant l’Évangile avec puissance et autorité. Ce soir-là, des milliers vinrent au Seigneur. Des guérisons eurent lieu. C’était comme une autre page du livre des Actes qui s’écrivait devant nos yeux. Elle était sans nul doute ravie d’obéir au Seigneur et de voir Sa puissance pour le salut des pécheurs. Mais je n’étais pas un pécheur, et je n’ai pas levé ma main. Je ne me suis pas avancé à l’appel. Elle n’a jamais su que j’étais là avec un sourire allant d’une oreille à l’autre comme un papa fier de sa fille.

Il n’y a pas de place pour la compétition dans l’évangélisation. Le Seigneur a dit de prier pour qu’il y ait des ouvriers dans Sa moisson. Teresia était une réponse à cette prière. Nous sommes ouvriers ensemble. Alléluia !

Reinhard Bonnke

[Extraits du livre « Une vie en feu », chapitres 28, 32 et 34]